02 août 2012

Aujourd'hui je laisse la parole à Marie-No :

… « Ca y est je peux dire que j'ai embarqué avec  trois «  barbues » à l'odeur… épicée. Un nouveau comportement s'observe un peu canin comme de sentir tous ce que nous touchons jusqu'à nos bottes. De mon côté j'ai plutôt l'allure de dame soleil à l'odeur… J'ai senti  à l'intérieur de ma salopette une odeur m'est revenue celle  d'un gros coquillage que mon frère m'avait ramené d'Afrique. On n'y entendait pas seulement la mer. Il avait une odeur subtile …  un peu de l'animal restait dedans. Bienvenue à bord !

Les journées ne se ressemblent pas. Avant-hier nous nous baignons sous le soleil, mer à 15°C.Chanik était témoin de nos ébats mousseux : « la fête du slip propre ! » A peine remis de nos émotions,  un spectacle somptueux nous attendait la visite calme et sereine d'une baleine à bosse. Nous avons essayé de la suivre en repérant son jet. Nous reprenons finalement notre cap les appareils sont rangés … mais les dauphins reprennent la danse. Pas le temps de s'ennuyer ici ! Ils sont une quinzaine à chatouiller l'étrave en nous laissant un petit regard coquin dans le coin. On pourrait presque les toucher.  Ils se mettent à plonger à trois ou quatre ensemble. C'est l'euphorie et cela dure. Nous sommes de grands enfants et c'est bon !

C'est que dans cet atlantique il y a du poisson Alors ! En tout cas ce n'est pas à en croire notre pêche. C'est un peu vexant nous  avons attrapé qu'un plastique. Nous sommes preneurs de tous les bons conseils car aujourd'hui nous avons ouvert notre première conserve.  Il faut dire que des oiseaux, qui ne nous ont pas quittés depuis saint Pierre, tournent sans cesse  autour de nos lignes en surfant sur les vagues. Ce sont les Puffins…je comprends leur nom après s'être restauré de nos poissons.

La nuit. Je suis pour la première fois inscrite au planning des quarts. Mes copains se sont demandé ce qu'était devenue la brioche de Marc. Elle était délicieuse ! Après un petit quart un repos bien mérité dans mon antre à l'avant du bateau. C'est un lieu à haute sensation surtout au près lorsque le bateau penche et frappe dans l'eau.  Il faut arriver à se caller car il y a un gros trou avant la porte et au surprise lors d'embruns une grosse douche improvisée arrive par le biais d'une aération. D'un coup je me retrouve la tête en bas : virement de bord c'est Marc qui prend son quart, le vent force c'est normal. Puis toctoc toc je réponds oui mais c'est le quart de  Gilles, il règle les voiles toujours normal. Une fois callé de l'autre côté on revire. Du sport de dormir ! De quoi aimer la voile.  Le climat est très tropical et l'odeur aussi. Les bruits sont amplifiés  c'est là que Chanik pénètre les eaux il y a des glou glou glou et des vibrations cela tape je saute je fais corps avec elle, lui fait de plus en plus confiance tel Jonas dans le ventre de sa baleine.

Au petit matin je me lève plus que je me réveille ravie de reprendre mon quart et sortir de cette machine à laver sans lessive car disons-le cela pu ! Deux sourires m'accueillent Gilles et Fanch. Fanch me fait le grand privilège je t'invite dans ma couchette (sachant que lui ferait le quart) et bonne nuit ! Et heureusement le vent forci, normal Marc s'est levé. Mais le vent forci encore. J'entends de la bannette des cris de guerre à chaque fois que quelqu'un revient du pont et des grosses merdes le foc se déroule alors qu'on ne lui a pas demandé. Moi de la petite fenêtre en contre bas  je compte si il y a bien le nombre de pieds   en gros si tout le monde  a atteint le cockpit et je continue mon bouquin tel une reine alors qu'en haut c'est la rincée. La faim me lève ambiance non hostile mais acrobatique. Je cherche une ligne horizontale mais non tout flotte, le carré est transformé en vestiaire pour les vêtements trop imbibés. Tout danse. La mer a des allures de chaines de montagne avec un peu de neige sur les crêtes. Le bateau est toilé au minimum, ce qui a demandé à chacun un exploit et nous fonçons … mais pas dans la bonne direction. Nous fuyons la dépression cap au sud.

Le quart de nuit sera pour sa part tout calme.

Cela change très vite. Les jours ne se ressemblent pas.

Bon le moral est au beau fixe. Marc est un vrai wistiti depuis que Scopolamine lui a détruit son mal de mer. Gilles a les yeux qui brille quand le speedo prend un nœud de plus et Fanch, toujours le moral au beau fixe, plutôt tendance anticyclonique que dépressionnaire, apprend à dompter sa très chère Chanik .Ils se parlent. Une vraie petite femme à apprivoiser. Il en apprend tous les jours la liste des choses à faire s'allonge. Quelques fois elle lui fait un peu tourner la tête. La turbine va bon train et quand son alternateur se met à fonctionner après un repos bien mérité la lumière s'allume et la réparation n'est pas loin. La toux du capitaine devient de plus en plus grasse on tient le bon bout. La chance il ne sent pas l'odeur alléchante.

Moi je suis ravie d'être là.  J'aime l'odeur de ma salopette ! Et  je vous espère dans une ambiance moins humide. » …

3 commentaires:

  1. On s'y croirait, c'est magique et ça fait tellement envie : une machine à laver qui brasse et des odeurs d'origine, le large quoi ! Bravo Marie-No (que je connais pas encore) , c'est un régal de te lire et la Captain's Family met les voiles terriennes demain pour attendre bientôt les joyeux drilles de la Transat quand ils daigneront nous arriver à Royan ! Mme Captain qui cause.
    Bisous à Dom et Yves que je vais bientôt croiser avec grand plaisir à St Palais, j'ai hâte aussi.

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  2. J'ai enfin realise que je pouvais vous suivre vagues a vagues sur le blog et donc vivre un petit bout de cette formidable experience avec vous ! Quel bonheur de lire tous ces details et de savoir que la vie en communaute tres... rapprochee se passe bien ! J'ai les larmes aux yeux de certains passages de vos recits et je pense tres fort a toi, chere petite voisine. Je suis heureuse de ce cadeau que tu vis pleinement. C'est rassurant de savoir que tu es en de bonnes mains avec tes compagnons, de voir que vous vous soignez bien niveau nourriture (il faut compenser les efforts et le stress j'imagine, mais pense a partager la brioche !!) A tres bientot de vous lire. Bon vent a vous tous avec Chanik sur le bleu infini ! Je navigue tous les jours un peu avec vous... Nathalie

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  3. Salam Marie Coquillette!!!
    Je suis ton périple par le biais du blog.Ca me fait voyager. Au niveau des odeurs, j'ai bien pensé à vous ce matin. J'étais chez un patient dont les vêtements, chausures,...étaient imbibés d'urine.Pas l'odeur du large mais des odeurs quand même!!!
    A bientôt de te lire!
    Pita

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