Poissons volants

Au risque de me répéter, je ne peux pas résister au fait de partager avec vous mon vécu avec ses poissons volants même s'ils restent encore un mystère pour certains d'entre nous … j'en fais aussi partie vous savez !

Je ne vous ferais pas ici de description animalière. Vous trouveriez sur le net, d'excellents articles qui vous en parleront beaucoup mieux que moi. Non, je voulais simplement essayer de vous exprimer mon ressenti à leur sujet.

Bien-sûr, tous les navigateurs transocéaniques en parlent de façon plus ou moins désabusée, comme une évidence sur ce genre de parcours et je m'attendais donc à les rencontrer un jour au l'autre. Et voilà, ils sont là quotidiennement, surtout depuis mon départ de Dakar.

Comment vous dire … ils me fascinent !

Vous allez sans doute penser que mes occupations sont bien futiles mais tant pis … j'assume !

Dans la journée je passe de longs moments dans le cockpit à les observer … voler. Il y en a partout pour un peu que l'on se donne la peine de les regarder. Ni tout à fait poisson, ni tout à fait oiseau, ils sont pourtant les deux à la fois.

Une fois j'aperçois tout à coup, sans pour autant les attendre, une nuée d'entre eux littéralement décoller de l'étrave, comme si Chanik les avait effrayés ! A ce moment là, l'image de Timothée courant après les pigeons dans le parc du Vernet me revient délicieusement en mémoire. J'assiste alors à un véritable spectacle de déroute.

Une autre fois j'en surprends un autre, solitaire cette fois, qui me fait l'honneur de ses magnifiques arabesques. Il est alors capable de voler en rase-motte sur la mer pendant un temps infini comme s'il voulait surfer et jouer avec les vagues. Il se laisse alors porter par le vent, à quelques centimètres de l'eau. Il est même capable de prendre appuis sur les vagues comme sur un coussin d'air. Et soudain une crête un peu plus incisive que les autres le stoppe brusquement et il finit ainsi sa course avec une drôle de pirouette, genre double salto arrière, si vous voyez ce que je veux dire…

La nature les a surement pourvus de cet atout, pour échapper aux prédateurs. Il doit y avoir de gros poissons là-dessous !

Malheureusement j'en découvre régulièrement sur le pont. Quelques inconscients qui se sont échoués à bord … le matin surtout, lors de ma visite générale de Chanik. Je ne les compte plus. Alors patiemment je les remets à l'eau. Je ne pourrais jamais me résoudre à en faire mon quatre heures … ils sont trop émouvants !

Ils ont une forme très particulière : pas très gros, quelques centimètres pour les plus petits jusqu'à une vingtaine de centimètres pour les adultes. L'avant de leur corps ressemble un peu à une sorte de mini pâté en croute, du genre de ceux que l'on peut servir à l'apéro. Vous vous en doutez, ils ont des nageoires latérales hyper développées. Ils s'en servent d'ailes qu'ils agitent très rapidement pour voler, … pour planer !

En tous les cas, ils m'offrent quotidiennement un magnifique spectacle… éphémère mais tellement beau ! Je ne m'en lasserais jamais …

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