13 août 2012

... du nouveau ...

La parole est à nouveau à Marie-Jo ...

" ... Journée Rodéo

Je viens m'arrêter quelques instants avec vous pour vous faire partager quelques moments phares.  Celui du phare de Cordouan, le roi des phares et le phare des rois, dixit Fanch, n'est toujours pas en vue, n'est-ce pas, mais nous nous approchons gentiment en jumpant sur les vagues toujours à la recherche du vent portant. Avec les montagnards qui m'accompagnent dans ce bateau, impossible de prendre une route toute droite. Cela manquerait de charme.

Nous calons notre rythme sur celui des quarts. Les journées ne se ressemblent toujours pas.  Chanik telle une petite femme nous réclame des petits gestes d'attention.  A chaque jour son secret.

A observer cet atlantique je constate que les puffins sont très fidèles, que les poissons sont très intelligents, ils n'attrapent toujours pas nos appâts et que les modifications de vent sont très soudaines avec une affinité pour la nuit. C'est un peu comme si nous appuyons sur un bouton sauf que ce n'est pas nous qui en avons la télécommande. Là-haut il s'amuse.

Je vous emmène avec moi revivre la journée de mardi dernier. Attention attachez vos ceintures nous arrivons dans une zone dépressionnaire. C'est parti pour une séance de… Rodéo !

Dormant dans le couloir du carré à  2 h du mat, j'assiste à la relève de quart de Gilles vers Fanch. Pas de problème enfin  si pétole (pas de vent) et ce qui n'est pas peu dire pour Gilles. A peine avait-il dit cela que je vois Fanch monter les escaliers en trombe, en vêtements d'intérieurs secs, n'est-ce pas. Nous venons de nous prendre une bonne rincée. Il attrape la barre le pilote automatique lâchait. Une petite bourrasque me direz-vous, mais non le vent s'installe  et forcit !!! Gilles prêt à aller se coucher rebrousse chemin pour aller sur le pont prendre un ris hum ! Puis viens me réveiller pour relayer Grand chef, trempé, bloqué à la barre, faisant le deuil de ses habits secs... Il faut réparer Raymond, le pilote ! (car Raymond Barre). La petite pause-café ou thé miel qui va bien et c'est parti. Super Fanch vide toute la calle arrière. Le cockpit se transforme en un vrai étalage de marché aux puces, ambiance lampe frontale. Il atteint le pilote et le remets en place. Il réinstalle tout le matos dans la calle. La chose faite le vent s'apaise. Tout est rentré dans l'ordre. Nous passons la main à Marc pour le quart suivant.  Bonne nuit !

Réveil sur les chapeaux de roue. On s'agite sur le pont. Le vent  appuie sur l'accélérateur la mer est formée. Chanik se rue sur les vagues mais cela tire sec. Dans la précipitation chacun veut aller au plus pressé. Le chef reprend les reines de son équipage (pas d'initiative sans m'aviser) et de sa chère Chanik (2 ris à la grande voile et un au foc). Finalement le pont demande le tourmentin. Hum cela sent bon. Le foc est blessé, il faut aller chercher l'infirmière, la reine de la piquouse. Et me voilà dans une ambiance de manège extérieur à essayer d'enfiler mon fil dans l'aiguille et de planter celle-ci dans des bons tissu  bien costauds. De la vraie broderie ! J'ai trouvé cela très émouvant. Il est 10 h, le petit café qui va bien de 2 h est un peu loin. J'ai mes mains dans mes voiles, Marc et Gilles sont partis dormir. Fanch est au petit soin pour que je continue mon ouvrage. Tout s'arrête autour de cette voile. Il part me préparer un café mais bingo Raymond repart en grève. Voici notre petit marchand aux puces qui refait son numéro alors que le cockpit est déjà encombré de la voile. Mais voilà Raymond ne veut pas repartir. L'axe est cassé. Marc, Mac Gayver, cherche à le remplacer on fouille dans toutes les soutes pour trouver la petite tige de fer adéquate mais rien à faire. Les cellules grises sont en fête. Gilles à la barre. Fanch retournant le bateau, Marc qui entre 2 idées, tout altruisme qu'il est, n'oublie pas de nourrir les poissons et moi, toujours les mains dans mes voiles. Pour l'instant merci tourmentin de nous garder quelque peu en équilibre car la mer se forme, force 5 creux de 3 mètres qui déferlent et le vent va bon train en plein nez. Nous ne pourrons pas faire de route. Il est 15 h je finis les réparations, bon ok, on repart mettre le foc et on avance. Plus tard, je vois Fanch piquer du nez à la barre. Je dis non, j'ai faim. Je pars aux fourneaux faire un truc rapide. Soupe chinoise. Mais là dans les cuisines on attend un gros nom d'oiseau. Impossible de faire passer les bols avec le niveau de l'eau bouillante qui tend à chavirer. Cela a fini un peu plus tard avec une bonne purée, idéale par gros temps cela leste un peu. Et nous voilà reparti essayant de virer pour rechercher le bord le plus propice, la mer est déchainée, Dehors c'est la pluie qui n'en finis pas. On se mouche on tousse mais tout va bien. Les sensations sont grandes. Le grain s'intensifie. J'essaie la barre car sans Raymond nous devons faire la permanence à la barre. Les vagues sont énormes je suis cramponnée, je ne vois plus rien à cause de la pluie mais on rigole et on  n'oublie pas de filmer. J'ai bouleversé les scores : 47 nœuds de vent affichés à l'anémomètre. Chanik y va bon train, infatigable et d'un coup avec une plus forte pluie, plus de vent, c'est le pot au noir ? Les montagnes russes se sont transformées en dunes de désert écumantes d'un gris anthracite. Les gouttes martelaient l'eau faisant jaillir un peu d'écume. Nous avions le temps de regarder car nous n'avancions plus et d'un coup c'est reparti, 5 minutes après nous étions à 38 nœuds. Du vrai rodéo !

La mer a tenté de s'apaiser progressivement. Nous avons essayé de retrouver quelques habits secs et la nuit fut toute calme. Nous avons redistribué nos quarts du fait d'une permanence continue à la barre. Nous les faisons à 2 ce qui est fort sympathique et notre relève matinale est honorée par le lever de soleil. Nous en profitons ensemble.

Après un jour de pluie, toujours un jour de soleil. De quoi transformer Chanik en bateau portugais … "

1 commentaire:

  1. Bonjour Fanch,
    Quelle épopée et quelle météo ! ...
    Je vois que vous ne vous ennuyez pas sur le Chanik et que votre temps est bien remplis...
    Je vous souhaite bonne continuation et merci pour ce cahier de bord et toutes vos aventures de marins.
    Je vous souhaite bon vent jusqu'à Royan...
    Alain Godereaux.

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